Eagle down

Où l'on se penche sur une expédition certes gonflée, mais dont chaque membre a fini par crever.

Eagle down

En 1863, Jules Verne publie le roman qui lance sa carrière : Cinq semaines en ballon, ou le récit d’une traversée de l’Afrique par la voie des airs. 34 ans plus tard, un ingénieur suédois reprend l’idée pour de bon, mais vise une zone nettement plus frisquette du globe : l’Arctique. Mauvaise idée.

L’exploration de l’Arctique n’a pas commencé avec le 19e siècle, loin de là – mais progrès technologique oblige, la compétition commence véritablement à faire rage après 1850. Et sans beaucoup de surprise, on retrouve sur la ligne de départ les nations les plus en pointe dès qu’il s’agit d’explorer des trucs. La Grande-Bretagne, le Danemark, les Etats-Unis, la Russie ou la France, toutes rivalisent pour conquérir le continent blanc. Dopés par des fonds publics et privés, les expéditions se multiplient, officiellement guidées par un enjeu scientifique bien réel, mais incomplet. D’autres attentes s’y mêlent, nettement moins désintéressées – les ambitions personnelles et les egos des explorateurs, la quête de nouvelles ressources et le prestige national pour les États. Personne n’a oublié Colomb, et tout le monde sait que le premier qui posera son drapeau au pôle Nord fera l’Histoire, et son pays avec.

L’enjeu nationaliste se pose dans des termes particulièrement vifs dans les pays scandinaves – les plus proches du cercle arctique - passablement exaspérés de voir des États comme la Grande-Bretagne lancer des expéditions dans une région du globe qu’ils considèrent comme leur pré carré. La Norvège et la Suède surtout cherchent à s’affirmer et c’est sur la vieille jalousie qui oppose les deux royaumes que joue l’ingénieur suédois Salomon August Andrée au milieu des années 1890. Réputé, Andrée fait miroiter aux élites scientifiques et politiques une perspective exaltante : reprendre au voisin norvégien la place de leader du monde scandinave. Comment ? Par un coup d’audace hors du commun. Devant l’Académie royale des sciences de Stockholm, il présente en 1895 un projet révolutionnaire : André se fait fort d’atteindre le pôle... en ballon. Il a même déjà repéré la route, avec un trajet qui commencera à la pointe du Spitzberg, au nord de l’archipel du Svalbard.

”Entièrement guidé à la moustache, comme les chats”

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En Marge, des histoires derrière l'Histoire. N'importe quoi, mais sérieusement.

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Par En Marge

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