Sorties de route

Où l'on découvre qu'organiser des manifestations sportives clinquantes pour se faire bien voir du monde entier peut aboutir au résultat exactement inverse, et de façon spectaculaire. Et où il est question de barbus et de légende du volant.

- Ah ben ça y est, finalement, t’es sorti ?

- Ouais. Désolé, ça a duré bien, mais alors bien bien plus longtemps que prévu.

- Ca j’avais remarqué, c’est la partie où tu ne m’apprends rien.

- Oui ben que veux –tu, c’est un peu le lot commun de toute réunion de copro.

- Sois gentil, prends la peine de dire copropriété à chaque fois. On a fait suffisamment d’articles sur les fluides corporels et les excrétions diverses pour que « copro » me fasse penser à autre chose qu’une résidence partagée.

- Tu veux dire…aaaah, oui, en effet. C’est donc un peu le lot commun de toute réunion de copropriétaires ?

- Voilà, mieux.

- Cela dit, si je dois être tout à fait honnête…

- Les tribunaux vont avoir du temps libre.

- C’est bas. Et facile, surtout. Si je dois être tout à fait honnête, donc, à vrai dire ce n’était pas désagréable. Non non, franchement, en fait l’ambiance était sympa, on a bien discuté, l’ordre du jour portait surtout sur des points pertinents. J’ai fait la connaissance d’un paquet de voisins que je n’avais jamais croisés et qui se sont avérés fort urbains.

- C'est-à-dire que si tu ne te barricadais pas pendant la fête des voisins, aussi.

- J’aime préserver mon espace personnel, que veux-tu.

« N’hésitez pas à passer si vous êtes dans le coin. »

- Tu veux que je te dise, moi je pense que tu nous fais tout simplement un petit syndrome de Stockholm.

- Ah non !

- Ben si, quand même. Tu as été retenu contre ta volonté pendant des heures, et maintenant tu trouves tes ravisseurs sympas.

- Non, c’est pas ça. Ne me parle pas du syndrome de Stockholm ! Ca n’est pas un syndrome psychiatrique prouvé ni un diagnostic médical valable. C’est juste l’hypothèse d’un psychiatre, une fois, qui a gagné une popularité et une notoriété qui vont bien au-delà de sa solidité scientifique. Le syndrome de Stockholm a à peu près autant de réalité établie que l’addiction au sexe, la lithothérapie, ou le patriarcat.

- Tu…mais ça va pas non ? Tu veux nous attirer des problèmes ou quoi ?!

- Avec les lithothérapeutes ? Qu’ils y viennent.

- Tu m’as très bien compris.

- Quoi, les consultants marketing ont dit qu’il fallait qu’on suscite plus de réactions chez les lecteurs. J’ai compris comment ça marche, hein.

- Je savais que c’était une mauvaise idée. Je me désolidarise très officiellement de…

- D’accord, d’accord, je retire. Mais pas pour le syndrome de Stockholm. Non mais en plus pourquoi Stockholm, suite à une prise d’otages en 1973 ? A tout prendre ce serait plus logique de parler de syndrome de la Havane.

- Pourquoi la Havane ?

- Ben, à cause de Fangio.

- Le coureur automobile ? Qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans ?

- Toi, tu n’as jamais entendu parler du Grand Prix de 1958.

- Je confirme. Et de beaucoup d’autres non plus, à vrai dire.

- Il est temps d’y remédier. Nous avons à peu près tous grandi avec l’image de Cuba comme bastion avancé et fortifié du stalinisme tropical, non seulement reclus mais sous le coup de sanctions particulièrement lourdes depuis 60 ans, et dont rien de particulièrement remarquable n’est sorti depuis.

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En Marge, des histoires derrière l'Histoire. N'importe quoi, mais sérieusement.

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Par En Marge

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