Où l'on parle d'une importante attaque aérienne sur une flotte pendant la Seconde Guerre Mondiale, qui n'est pas celle que vous croyez.
- Ouh, Seigneur…ta chemise est, comment dire, elle sort du lot.
- Je t’ai déjà demandé de ne pas m’appeler seigneur. Qu’est-ce que tu lui reproches ?
- Absolument rien. Au contraire, c’est très louable de ta part de soutenir un créateur daltonien.
- Ben, c’est pour être raccord.
- Raccord avec… ?
- Le thème du jour !
- …
- Quoi, tu as dit « on va parler d’une attaque aérienne sur une flotte mouillée dans un port, pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a marqué la stratégie navale comme l’équilibre des forces ».
- Oui, en effet. Et donc ?
- Donc Pearl Harbor, donc chemise hawaïenne. C’est assez évident, non ?
- Ah. Je vois. Je comprends la confusion.
- Comment ça confusion ?
- Oui, je suis navré. On ne part pas pour Honolulu, désolé.
- Ca veut dire que…
- Oui, tu peux aussi ranger ta planche.
- Et donc, direction où ?
- L’Italie.
- L’Italie. Je suis surpris, mais ça me va aussi. Donne-moi une minute…
- Non, ne va pas chercher une paire de lunettes de soleil et un pot de gomina. Vraiment ce n’est pas nécessaire.
- Je suis brimé.
- Je vais pleurer.
- Mais pourquoi l’Italie ?
- Parce qu’on a souvent tendance à négliger son rôle dans la guerre et à ne pas la prendre au sérieux.
L’ont un petit peu cherché quand même.
Alors qu’en fait son entrée en guerre le 10 juin 40 est tout sauf anodine, et change la configuration des opérations. Opérations que le Royaume-Uni se retrouve rapidement tout seul à mener après la défaite française.
- Ce n’est jamais plaisant de voir l’ennemi recevoir des renforts.
- Ce n’est pas qu’une question de chiffres. L’Allemagne est une puissance surtout terrestre. Elle a une force navale, mais qui n’est pas en position ni en mesure de perturber les relations entre la Grande-Bretagne et son empire. Et c’était à la France de s’occuper de sécuriser la Méditerranée. Or non seulement elle est hors-jeu et sans flotte, mais l’Italie est par définition particulièrement bien placée pour s’en prendre aux positions britanniques en Méditerranée, et couper la route vers l’Egypte, et au-delà l’Inde.
- Ce qui serait embêtant.
- Ah oui. La flotte britannique est plus importante, mais elle est également plus éparpillée alors que l’italienne est concentrée sur le seul périmètre méditerranéen. La Regia Marina bénéficie donc d’un avantage sur ce terrain, d’autant qu’en août 1940 elle a réceptionné deux nouveaux bâtiments qui sont plus rapides et mieux armés que leurs équivalents britanniques. L’Italie a alors besoin de ravitailler ses troupes en Lybie, et plus au sud en Abyssinie, actuelle Ethiopie, et sa flotte constitue par ailleurs une menace pour les convois britanniques qui assurent les liaisons avec l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Si la Méditerranée n’est plus praticable, c’est le canal de Suez qui est fermé et il faut faire le grand tour.
- Ce n’est pas la même histoire.
- Ca rallonge un peu. Et de fait, avant l’entrée en guerre de l’Italie, les convois commerciaux en direction de l’Egypte partent de Gibraltar et passent par Malte. Après, ils contournent l’Afrique par le cap de Bonne Espérance et remontent le canal de Suez. En outre, la base de Malte, qui est essentielle non seulement pour sécuriser la circulation mais aussi tenter d’interrompre les lignes de ravitaillement italiennes à travers la Méditerranée, est vulnérable à des attaques aériennes en raison de sa proximité de l’Italie.
- Si je comprends bien, ça sent la bataille navale en Méditerranée.
- Ca risque, oui, et la Royal Navy s’empresse donc d’y expédier une flotte importante, avec 4 porte-avions. Elle établit une base à Gibraltar, et en occupe une autre à Alexandrie. Mais l’Italie ne cherche pas l’affrontement, elle a un autre plan.
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