- Certes, mais même en admettant que tout un chacun développe une authentique conscience de classe, où cela nous mènera-t-il sinon à un affrontement dont l’issue, quoi qu’on en pense, ne sera décidée par l’importance numérique des forces en présence ? Faisons fi du vernis démocratique d’un tel résultat, ne serait-il pas plus intellectuellement satisfaisant que ce soit la pleine conscience de la situation, des besoins, et des intérêts de tous par chacun qui mène naturellement à une voie similaire via un consensus bien renseigné ?
- Euh, ou…oui ?
- Exactement ! La conscience de classe ne peut être que la première étape, avant d’y incorporer ensuite celle des autres catégories.
- Fort bien, et je suis content que nous soyons arrivé à cette conclusion, même si tu as l’essentiel du chemin, mais moi à la base je voulais simplement savoir si…
- Mais bien sûr, où sont les exemples de cette culture transversale, je te le demande.
- Oui ça j’entends bien que tu me le demandes, c’est là tout mon prob…
- Connait-on une figure de la bourgeoisie capitaliste sincèrement soucieuse de socialisme, par exemple ?
- Mmm…une figure pionnière de Wall Street qui a été la première à publier Marx aux Etats-Unis ?
- Voilà, ce serait bien ça. Mais on peut toujours rêver.
- Non non, réveille-toi, je te parle d’une authentique personnalité historique.
- Tu me fais marxer.
- Point. Et je peux même te dire que ce ne sont même pas les points les plus saillants de sa biographie. On peut aussi dire qu’elle a commencé par vendre des remèdes miracles bidons pour finir à la pointe des combats politiques de son temps. Et a même inauguré une tradition encore vivace aux Etats-Unis, comme l’actualité très récente l’a encore démontré.
- Laquelle ?
- Les nanas sont pas foutues de gagner les élections présidentielles.
- Mais enfin tu ne peux pas dire ça comme ça ?!
- Oh, c’est toi qui m’as expliqué qu’il ne fallait plus dire les gonzesses ou pisseuses ! Faudrait savoir à la fin.
- On travaillera ton vocabulaire plus tard. De qui me parles-tu ?
- De la remarquable Victoria Claflin. Elle nait le 23 septembre 1838 à Homer, dans l’Ohio. Au sein d’une famille pauvre de 10 enfants. Pas exceptionnel à l’époque, mais quand même. Elle porte le numéro 7.
Bon début.
Sa mère, Roxanna, est domestique et aussi un peu voyante.
- Ah oui ?
- Oui. Enfin non, elle n’y voit pas plus que toi ou moi, mais elle pratique la voyance.
- C’est le business modèle. Et son père ?
- Il s’appelle Ruben, et il est…escroc, globalement.
- Ah, donc pareil.
- Oui, mais plus traditionnel. Il joue aux cartes, trafique des chevaux, ou vend des potions diverses supposées être médicinales. Pour te dire, Victoria ne fréquente l’école que de 8 à 11 ans, parce qu’à ce moment sa famille est chassée de la ville.
- Mais enfin ?!
...