- Snrfffrlrlrlf teuhrrrêuheu.
- Ah ben bravo c’est distingué.
-J’ai un rhume d’homme.
- D’accord, mais le glaviot dans la cheminée, tout de même ?
- Je suis à l’agonie, laisse-moi crever. Tu fais quoi ?
- J’appelle le diocèse, parce que je tiens à ce que tu te mettes en règle du côté de ton âme immortelle et qu’il va nous falloir un bataillon d’aumôniers et pas mal d’eau bénite.
- Raccroche ce téléphone, andouille.
- Un médecin ?
- Pour repartir avec un Doliprane et du sirop pour la toux ?
- Ben ça et un coup de pied au cul, c’est le bon traitement pour un rhume d’homme.
- Je veux un vrai remontant. Du remède de cheval, tu vois ?
Bon le truc c’est que les seringues sont à l’échelle du canasson.
- J’ai deux ou trois noms qui me viennent, mais en dehors du fait qu’ils n’exercent plus, disons qu’ils sont un peu sulfureux.
- Dis toujours.
- Theodor Morell, tu situes ?
- Absolument pas.
- Son principal patient devrait davantage te parler.
- Ah oui ?
- Chancelier. Allemand. Moustachu.
- Oh merde.
- Hey, même les ordures ont besoin de médecin. Et dans le cas du Führer, il avait même besoin de beaucoup de médecins.
- Ah oui ?
- Tu vois les dernières images d’Hitler, tournées à Berlin ?
- Vi. Pas la grande forme.
- Le Reich non plus. Depuis le début de l’année 1945, l’armée rouge pilonne la capitale allemande pour préparer l’assaut final en lançant quelque chose comme 6000 chars et deux millions d’hommes contre Berlin. Le 16 janvier, Hitler a quitté son repaire de Prusse orientale pour revenir à Berlin le 16 janvier. Les bombardements sont tels que rejoindre la chancellerie est impossible. Il s’installe dans le Führerbunker, un vaste complexe souterrain d’une trentaine de pièces aménagé juste en dessous.
- Ce qu’on voit dans La Chute.
- Exactement et le film rend plutôt bien compte de ce que ça devait être. Les couloirs sont humides, le bunker est saturé de poussière et de gaz carbonique, bref, le lieu est tout sauf sain et l’ambiance est quelque morose dans la mesure où tous les responsables nazis sont bien conscients que le IIIe Reich vit ses dernières semaines. Et surtout, dans une telle promiscuité, personne ne peut plus ignorer le délabrement mental et physique d’Hitler.
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