La der d’Ader

Où l’on se penche sur un enjeu patriotico-aérien.

Qui a volé pour la première fois ? Clément Ader, un Français ? Les frères Wright, deux Américains ? Comme l’engueulade dure depuis un gros siècle, on s’est dit qu’on allait en remettre une couche sur En Marge. Bienvenue dans l’atelier de Clément Ader.

Sale journée, le 19 juillet 1870 : c’est le jour que choisit ce grand visionnaire de Napoléon III pour déclarer la guerre à la Prusse, avec le succès qu’on connait : la France se fera rouler dessus en un temps record. Dans l’enthousiasme patriotique des premiers, un jeune ingénieur de 29 ans, Clément Ader, contacte le ministère de la Guerre pour lui proposer ses services. C’est une question d’honneur, d’amour du pays aussi : petit-fils d’un grognard de la Grande Armée, Ader a grandi au fil des récits héroïques de son aïeul. Et il compte bien peser de tout son poids sur le cours de la guerre.

Comment ? Par sur le front, Ader ne se distinguant par ses talents guerriers. En revanche, le technicien se distingue par une conviction profonde, nourrie par ce que certains progrès laissent entrevoir depuis quelques années déjà : la guerre s’apprête à gagner une nouvelle dimension, la verticalité.

Alors attention : en 1870, l’idée d’observer le théâtre des opérations depuis le ciel n’est pas neuve en soi. Le premier ballon captif de l’histoire, celui des frères Montgolfier, s’est élevé dans les airs au-dessus de Versailles un gros siècle plus tôt déjà, en 1783. Onze ans plus tard, à Fleurus, c’est un autre ballon qui avait permis de suivre le déroulé du carnage. Mais jusqu’au coup d’envoi de la guerre de Sécession américaine, en 1865, rien ou pas grand-chose : les ballons captifs offrent une cible bien trop fragile : on ne peut pas les diriger, leur structure est fragile et le premier coup en but peut en faire une boule de feu façon Donjons & Dragons si la balle enflamme l’hydrogène qui fait flotter le bousin. Pour le plus grand malheur du malheureux aérostier qui pendouille en dessous dans sa nacelle et qui fait immédiatement l’expérience directe et pragmatique de la loi de la gravité.

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En Marge, des histoires derrière l'Histoire. N'importe quoi, mais sérieusement.

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Par En Marge

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