En Marge, des histoires derrière l'Histoire. N'importe quoi, mais sérieusement.

L’Histoire, c'est certes l’affaire de savants spécialistes qui plongent des archives qui font éternuer. Mais c'est aussi le petit détail qui a le don de faire sourire deux gugusses dans notre genre. Ici, on se raconte les petites histoires qu'on trouve dans les marges. Et soit vous n'en avez jamais entendu parler, soit vous ne savez pas tout.

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Par En Marge
15 juin · 7 mn à lire
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Cluedo polaire

Où l'on se penche sur un cold case, au sens le plus scrupuleusement exact de l'expression.

Au 19e siècle, la course vers le pôle bat son plein dans l’Arctique. Lancée en 1827 par le britannique William Parry, l’exploration polaire vise même à la compétition internationale : chaque grande nation met un point d’honneur devenir la première à planter ses couleurs au point le plus septentrional du cercle polaire. En 1871, c’est l’américain Charles Francis Hall qui s’y colle à bord du Polaris, un navire militaire reconverti à la demande du président Ulysse S. Grant. Comme dans du Call of Cthulhu[1], il n’en reviendra jamais – mais sans qu’on sache vraiment pourquoi. Et franchement, l’hypothèse du meurtre tient salement la corde.

 Au milieu du 19ème siècle, Charles Francis Hall n’est pas franchement le seul à afficher fièrement sa passion pour les gros glaçons d’rune part, les mystères polaires d’autre part. Et question mystère, le sort de l’Expédition Franklin fait figure de Graal : personne ne sait ce qu’est que sont devenues deux vaisseaux britanniques, l’Erebus et le Terror, partis pour trouver le passage du Nord-ouest et disparus sans laisser de trace à l’été 1845. Chaque amateur d’aventure polaire y va de son hypothèse plus ou moins gratuite mais pour Hall, l’énigme tourne à l’obsession. Fervent lecteur de tout ce qui ressemble à un récits arctique, Hall lui-même n’a pourtant rien d’un aventurier, à cette époque. Issu d’un milieu modeste, ce natif de Cincinnati a   commencé sa carrière comme... forgeron avant de faire fortune. Dans les années 1850, Hall est trop riche pour passer pour un dingue : on le considère donc un excentrique, mais un excentrique décidé.

En 1860, Hall finit par craquer. Avec ses sous à lui, tout seul comme un grand, il monte une énième expédition destinée à retrouver coûte que coûte la trace de l’expédition Franklin. Et comme les copains, c’est un bide complet : après trois ans de recherche au milieu des glaces, son navire, le Rescue, sombre au lendemain d’une tempête dévastatrice. Comme son équipage, Hall ne doit son salut qu’à la présence d’un autre bateau dans le secteur.

On en connaît qui se tiendrait à l’écart du moindre petit glaçon pour le restant de leurs jours, mais pas Hall. Neuf ans plus tard, le brave garçon se lance à 50 ans dans une nouvelle expédition qui l’emmène cette fois aux confins des terres boréales. Il y séjourne même plusieurs années au milieu des Inuits de l’île de Baffin, e c’est d’ailleurs à mettre à son crédit : pour son temps, Hall fait preuve d’un esprit remarquablement ouvert. Loin d’afficher sa supériorité d’occidental convaincu d’avoir tout inventé, Hall s’intéresse à la culture et aux mœurs des différents peuples inuits. Il y noue aussi une série de précieux contacts avec des guides, des chasseurs et des traducteurs locaux.

À force de se les congeler ici ou là, Hall jouit d’une notoriété certaine au tournant des années 1870.

D'où le concept de Hall of Fame. D'où le concept de Hall of Fame.

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