En Marge, des histoires derrière l'Histoire. N'importe quoi, mais sérieusement.

L’Histoire, c'est certes l’affaire de savants spécialistes qui plongent des archives qui font éternuer. Mais c'est aussi le petit détail qui a le don de faire sourire deux gugusses dans notre genre. Ici, on se raconte les petites histoires qu'on trouve dans les marges. Et soit vous n'en avez jamais entendu parler, soit vous ne savez pas tout.

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Par En Marge
3 mai · 6 mn à lire
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Le condom qui tombe à pic

Où l'on s'intéresse à un truc qui n'est en dépit des apparences pas uniquement conçu pour balancer des bombes à eau sur les passants (d'ailleurs on n'a jamais fait ça et vous n'avez pas de preuve)

— Mais non je ne dis pas que je suis JALOUX. Je dis que les mômes d’aujourd’hui ont bien de chance de pouvoir trouver des capotes gratuites.

— Et d’une et même si je n’ai rien contre le marketing direct, je ne laisserai personne croire que nos vingt ans pourraient se résumer à une longue et continuelle orgie. Et de deux, y avait toujours moyen de se débrouiller.

— C’est une question de principe. Quand même, ils pourraient débourser un petit quelque chose !

— … C’est l’idée, justement. Mais en toute sécurité, ce dont la puissance publique a dans son immense sagesse bien compris l’intérêt.

— Tu plaisantes ?

— Pour l’immense sagesse de la puissance publique oui. Pour l’intérêt sanitaire et contraceptif de la capote, non. D’autant qu’elle ne date pas d’hier.

— Ah bon ? Je pensais que c’était tout récent.

— La version latex, oui. La version ancienne, ça remonte à fouya.

— Tu pourrais être plus précis ?

— Depuis que l’homme est homme ?

— Fous-toi de moi, surtout.

— C’est toujours tentant, mais pour une fois, le cliché est plutôt juste. Il suffit de se balader à travers les vestiges de Pompéi pour constater que la tendance de l’être humain de sexe mâle à dessiner des zigounettes sur les murs ne date pas d’hier, mais les premières représentations de protection du pénis remontent plus loin encore que l’époque romaine. Et la version antique des capotes avec.

Alors oui c’est une biroute, mais c’est archéologique alors ça va.Alors oui c’est une biroute, mais c’est archéologique alors ça va.

— Du genre ?

— Tu trouves des sculptures égyptiennes viennent de 8000 ans qui montrent déjà des sortes d’étuis placés à un endroit stratégique de l’anatomie masculine. On ne sait pas vraiment si ça fait référence à des pratiques contraceptives ou à une protection contre les maladies vénériennes, en revanche, mais on tient déjà l’idée du comment dire.. Du paquet cadeau.

— Un paquet cadeau avec de gros nœ…

— AH NON HEIN ÇA VA PAS COMMENCER.

— Pardon.

— Pour le reste, la tendance générale dans l’Antiquité consiste à considérer que la contraception est essentiellement une affaire de femmes.

— Heureusement que ça a bien changé.

— … d’où l’apparition d’une série de méthodes contraceptives. Certaines relevaient de la pure magie, d’autres de l’herboristerie comme le fameux silphium de Cyrénaïque dont on avait parlé ici, d’autres étaient potentiellement efficaces comme les pessaires, autrement dit des éponges ou des « bouchons » d’herbe et de tissu, éponges…).

— Mais pour ce qui de s’emballer le zoiseau, que dalle.

— Alors si. On manque de preuves concrètes, mais il semble que les Grecs et les Romains utilisaient à l’occasion des sortes d’étuis pour s’emballer le fascinum.

— Le pardon ?

Un exemple d’amulette de zizi romain. Depuis le grand incendie de Rome, on sait que les Romains adoraient jouer avec des amulettes. Un exemple d’amulette de zizi romain. Depuis le grand incendie de Rome, on sait que les Romains adoraient jouer avec des amulettes. 

— Le membre viril et maintenant que tu sais ça, j’aimerais que tu réfléchisses à l’étymologie du mot fascinant quand tu auras une minute. Quant à la matière utilisée, une vieille légende attachée au roi crétois Minos évoque l’utilisation de vessies de chèvres ou de poissons…

— De poissons ?! Sûrement une raie.

— … tandis que d’autres sources parlent de boyaux de moutons ou d’agneaux cousus sur une extrémité et attachés de l’autre à un ruban que l’on nouait autour du pénis. 

— C’est festif, mais c’est toujours fragile, ton truc.

— La première capote authentifiée est plus tardive, je le reconnais bien volontiers. Elle date de l’Italie de la Renaissance et de l’époque où la France fait absolument tout ce qu’elle peut pour conquérir le royaume de Naples et le duché de Milan : onze guerres.

— Ah quand même.

— On a toujours su se faire aimer et c’est justement à ces guerres d’Italie successives qu’on doit la première description d’une épidémie de syphilis, une affliction que les Italiens qualifient aussitôt de « maladie française »

— Les salauds ! Instrumentaliser comme ça le mal napolitain, c’est dégueula… oublie.

— Le célèbre Gabrielle Falloppio en fait même le titre d’un ouvrage entier en 1564, le De Morbo Gallico, le mal français. Et on y trouve la première description d’un ustensile que Fallope prétend avoir inventé, une sorte de gaine de lin destinée à couvrir…

— JE SAIS LA BITE.

— Ben justement non, Sam. Juste le gland, l’ensemble étant maintenu en place par l’intermédiaire d’un petit cordon noué juste sous le prépuce.

— Alors à mon avis ça ne va pas marcher.

— Ben ça dépend pour quoi. Le texte latin laisse penser que l’étui de Fallope s’applique après un rapport sexuel à risque avec une « femme gastée », c’est-à-dire touchée par une maladie vénérienne. Le préservatif version Fallope n’est donc ni un prophylactique, ni un contraceptif, mais un soin.

— Écoute il peut au moins se vanter de mettre l’ustensile à l’ordre du jour.

...