En Marge, des histoires derrière l'Histoire. N'importe quoi, mais sérieusement.

L’Histoire, c'est certes l’affaire de savants spécialistes qui plongent des archives qui font éternuer. Mais c'est aussi le petit détail qui a le don de faire sourire deux gugusses dans notre genre. Ici, on se raconte les petites histoires qu'on trouve dans les marges. Et soit vous n'en avez jamais entendu parler, soit vous ne savez pas tout.

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Par En Marge
19 oct. · 11 mn à lire
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Aux ch… En Marge !

Où l'on se penche sur la longue et roborative histoire d'un produit que vous aurez tous dans les mains et ailleurs dans les heures qui viennent.

- Ah, tu te souviens ? Plus de quatre ans déjà !

- C’est une devinette ?

- Pas particulièr…

- La dernière fois que j’ai rangé mon bureau ? Le jour où j’ai dit que je me mettais à la course à pied ? La dernière fois que tu as nettoyé ta boîte mail ? L’euro de foot ? La fois où tu as essayé la boulangerie à domicile ?

- Alors non, rien de tout ça, mais tu te rapproches. Y’a quatre ans, bon à quelques mois près, c’était la période où il fallait imprimer une autorisation de sortie pour aller faire ses courses.

- Ou piquer le chien de la voisine pour pouvoir sortir le promener.

- Oui, voil…non ! Mais non, enfin, on n’a jamais fait ça.

- « On » a la mémoire sélective, je trouve.

- Tu m’as compris, c’était le confinement. Pas le droit de sortir, pas le droit de voir des gens, les contacts avec les collègues et amis uniquement par écran, les expéditions à l’extérieur minutées pour aller chercher les produits de première nécessité sans jamais avoir quelqu’un à moins de deux mètres, ou alors derrière une barrière de plexiglas…

- Ah oui, quelle magnifique période !

- Ca va mieux, cette misanthropie ?

- Je ne suis pas misanthrope, au contraire. Je suis un philanthrope asocial. J’aime bien l’espèce humaine, mais pas les gens.

- Je me permets de dresser un sourcil circonspect.

- Cela dit, si ça fait quatre ans, je crois que tu pourrais peut-être envisager de te défaire d’une partie de ce stock de rouleaux de PQ.

- Non !

- Ca prend quand même la moitié d’une pièce.

Même s’il faut reconnaître une créativité certaine pour l’intégrer dans la déco.

- On sait jamais !

- Je te rappelle que c’est précisément ce genre de comportement qui a conduit à des rayons vides et des bagarres pour mettre la main sur le dernier paquet, alors même qu’il n’y avait aucune réelle pénurie.

- Je ne veux pas le savoir. Je serai prêt pour la prochaine fois.

- C’est sûr qu’on n’a pas de problème de péremption. J’admire au passage ton optimisme.

- Parce que je parle de prochaine fois ? Rassure-toi, je ne parle pas de pandémie, juste de sévères tensions sur le marché du papier hygiénique. Parce que pour le coup, ce n’était pas une première en 2020, même si le problème était mondial. Enfin, international.

- Qu’est-ce que tu veux dire ?

- Un, que l’usage du papier toilette est certes répandu dans le monde, mais pas dans tout le monde, il s’en faut de beaucoup. Deux, qu’il y avait déjà eu avant une crise du même genre, la pénurie provoquée par l’anticipation d’une pénurie qui ne serait jamais arrivée si on ne l’avait pas anticipée.

- Sur du PQ ?

- Tout juste.

- Tu m’en dirais tant.

- Oh, je sens que tu n’es pas au point sur l’histoire de cette remarquable invention, quelle que soit la valeur qu’on donne au terme remarquable en l’occurrence.

- Alors non, et je le reconnais bien volontiers.

- Tu as tort. Tu ne soupçonnes pas les trésors que recèle l’étude des méthodes que nous avons utilisées pour nous nettoyer l’arrière-train au fil des âges.

- Sans doute pas, et je commence à me dire que c’est une erreur.

...