Nuits apaches
Où l'on se penche sur les bas-fonds parisiens d'une Belle Époque qui ne l'était pas pour tout le monde.
Trois-quarts de siècle avant Starmania, les gens changeaient déjà de trottoir quand ils arrivaient en ville : bienvenue au temps des escarpes, des surineurs ou des chourineurs – bref, des Apaches qu’on croisait du côté de Bastille, de Sébastopol ou dans les bals populaires.
Personne ne se souvient de son véritable nom, mais tout le monde se souvient de Simone Signoret, dans le rôle de Casque d’Or (1952), la diva blonde des faubourgs, celle qu’on sifflait dans les cabarets de la Belle Époque. Pour l’état-civil, qui a rarement le sens de la formule, Casque d’Or, c’était Amélie Hélie, et la Belle de Charonne n’a pas attendu la caméra de Jacques Becker pour être célèbre. En 1900 déjà, tout Paris connaît son nom.
Et pour cause : Casque d’Or, c’est la reine de l’Ange Gabriel, un cabaret du vieux Paris. C’est aussi la compagne – pardon, la gigolette – d’un truand de Charonne : Joseph Peigneur, dit Manda. Mais la jeune femme le quitte en 1902 pour un autre chef de bande, un Corse, Dominique Leca. Entre les deux caïds, la vendetta est ouverte, chacun rend coup pour coup. En janvier 1902, Manda et sa bande poignardent Leca dans un fiacre. La carrière d’Amélie Hélie décolle : nouvelle vedette des Bouffes du Nord, elle entame une nouvelle revue inspirée de propre histoire, « Casque d'Or et les Apaches », que le préfet Lépine – oui, celui du concours – fait vite interdire.
« Une fille des fortifs, une blonde coiffée à la chien ! »
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